Voici le dernier chapitre de la conférence organisée par LIBREXPRESSION dans le cadre du festival « Internazionale in Ferrara – 2018 » (#intfe) consacré au sexisme et aux inégalités de genre. Toujours avec la participation des dessinateurs: Marilena Nardi (IT), Anne Derenne (FR) et Zainab Fasiki (Maroc), le thème de cette dernière partie était consacré à la lutte contre le sexisme et les inégalités de genre.
– L’un des premiers moyens de résister est d’informer sur les différents types de problèmes existant et leur ampleur. Cela signifie que les autorités doivent tout mettre en œuvre pour évaluer les problèmes et diffuser les informations. Une tâche difficile, trop d’actes de violence ou de harcèlement n’étant pas dénoncés. La disponibilité des données sur la violence à l’égard des femmes a considérablement augmenté ces dernières années. Depuis 1995, plus de 100 pays ont mené au moins une enquête sur ce problème. Plus de 40 pays ont mené au moins deux enquêtes entre 1995 et 2014, ce qui signifie que, en fonction de la comparabilité des enquêtes, les changements survenus au fil du temps pourraient être analysés. Mais cela ne suffit pas, car ces enquêtes ne sont ni générales, ni complètes. De plus, il faut du temps pour élaborer ces statistiques. Des actions individuelles ou de groupe sont donc nécessaires, comme #metoo ou en France #balancetonporc. Il est vrai que de tels hashtags peuvent stimuler la délation ou permettre d’attaquer des innocents simplement pour se venger de problèmes n’ayant rien à voir. Néanmoins, ils ont contribué à libérer de nombreuses femmes de leur silence honteux, car paradoxalement, de nombreux abus ne sont pas dénoncés car les victimes en ont honte et préfèrent se taire.
Informer et éduquer
– Ces informations sont indispensables pour convaincre les autorités de prendre des mesures contre ces comportement honteux et stupides des hommes. Au moins 140 pays ont adopté des lois sur la violence domestique et 144 sur le harcèlement sexuel. Cependant, même lorsque des lois existent, cela ne signifie pas qu’elles sont toujours conformes aux normes et recommandations internationales ou qu’elles sont effectivement mises en œuvre. Par exemple, 37 pays exemptent encore de poursuites les auteurs de viol lorsqu’ils sont mariés ou se marient par la suite avec la victime. Et l’information est également nécessaire pour beaucoup de femmes qui n’ont pas accès à la connaissance de leurs droits ou plus simplement à des informations de base sur leur corps, sur l’éducation sexuelle, etc.
Légiférer et résister
– Et, évidemment, des actions individuelles ou des actions de groupes ou d’associations de femmes (et d’hommes) courageuses sont nécessaires. Tels sont, par exemple, les projets créés par Zainab Fasiki (Women Power ou Hshouma) visant à éliminer les tabou, à offrir une éducation sexuelle, etc.
– Cela nécessite également le soutien de tous les hommes qui ne peuvent accepter de voir la moitié de l’humanité traitée comme des êtres inférieurs. Il est clair que l’objectif ne doit pas être de transformer les femmes en hommes, ni de transformer les hommes en femmes. Ni non plus de supprimer le désir, la sensualité et la sexualité. Ni d’initier une guerre des sexes. Les femmes ne sont pas l’ennemi des hommes et les hommes ne sont pas l’ennemi des femmes. Ils doivent simplement bénéficier des mêmes droits et de la même dignité. Cela implique de supprimer les obstacles au plein potentiel des femmes, de reconnaître leur droit à disposer de leur corps à leur guise, de garantir leur liberté de choix pour leur vie, à l’instar des hommes. Comme le résume Anne Zelenski, féministe américaine: « Nous voulons disposer de notre corps et non pas le mettre à disposition« .
Pour en savoir plus:
Nations Unies – mettre fin à la violence:
http://www.unwomen.org/en/what-we-do/ending-violence-against-women
thematic brief:
http://www.unwomen.org/-/media/headquarters/attachments/sections/library/publications/2013/12/un%20women%20evaw-thembrief_us-web-rev9%20pdf.pdf?la=en
– Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination against Women New York, 18 December 1979
https://www.ohchr.org/EN/ProfessionalInterest/Pages/CEDAW.aspx
– United Nations: The world’s Women 2015 – report trends and statistics. The world’s women reports are published every 5 years; The 2015’s one is therefore the last one available:
https://unstats.un.org/unsd/gender/downloads/WorldsWomen2015_chapter6_t.pdf
Nevertheless, the UN publishes an annual report on women, the last one published in 2018 cover the years 2016-2017:
http://annualreport.unwomen.org/en/2018
Union Européenne
– European Agency for fundamental rights (FRA): http://fra.europa.eu/en
Conseil de l’Europe (CoE):
The CoE has succeeded to the adoption of the Istanbul Convention signed in Istanbul in 2011, entered into force in July 2014. Nevertheless, not all CoE’s Members ratified it. The Eu, as an Institution, ratified it in 2017, but in 2018 notwithstanding the request of The EU parliament in March, there are still 11 Eu Member states who didn’t ratified it yet.
– “Lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique »
https://www.coe.int/fr/web/conventions/full-list/-/conventions/rms/090000168008482e
The CoE Commission for Human Rights deals with all themes linked to gender equality:
https://www.coe.int/en/web/commissioner/thematic-work/women-s-rights-and-gender-equality
Factsheet of the Human Rights Court on “violence against women”
https://www.echr.coe.int/Documents/FS_Violence_Woman_ENG.pdf