
Ayant eu la possibilité de participer au débat du 17 avril au parlement européen, Libex vous en propose un résumé, illustré – merci à tous les dessinateurs sollicités qui ont envoyé leurs dessins.
- President Macron enter in the EP
- President'speech
- Macron answer questions
Pour la première fois dans l’histoire du parlement européen, le président d’un grand pays a accepté de participer à un débat avec les parlementaires européens, jusque là considérés comme des représentants de seconde zone du peuple. Un débat de près de trois heures, après un discours du Président d’environ 25 minutes, au cours duquel il n’a éludé aucune question.
Brillant comme à son habitude, sûr de ses convictions et de l’importance de ses propositions, n’hésitant pas à piquer les orateurs d’extrême-droite assez agressifs, en particulier l’ex-lepéniste Philippot, Emmanuel Macron est resté fidèle à lui-même. Nonobstant les réticences du club des huit pays nordiques, mené par les Pays-Bas, défavorable à toute avancée sur l’euro, nonobstant les hésitations des allemands à le suivre avec une chancelière affaiblie, il n’a retiré aucune de ses propositions des discours d’Athènes (8 septembre 2017) et de la Sorbonne (26 septembre 2017). Sûr de la valeur prospective de ses idées et de leur importance pour le futur de l’Europe dans un monde hostile, il a cependant été à l’écoute des critiques, mais peu flexible pour les accepter sans avoir au préalable démontré que sa ligne était celle qu’il fallait suivre.

Il a développé deux axes principaux :
– L’importance pour l’Union de défendre à l’intérieur et à l’extérieur les valeurs de la démocratie et de la culture européenne qui en constituent l’identité. Des valeurs qui constituent et doivent constituer le fer de lance et le soft power de l’Union dans toutes ses actions internes et externes, y compris dans les accords commerciaux internationaux. Il a analysé le retour des nationalismes, des pouvoirs autoritaires, des démocraties illibérales comme la réapparition d’une forme de « guerre civile » : « Face à l’autoritarisme qui partout nous entoure, la réponse n’est pas la démocratie autoritaire, mais l’autorité de la démocratie ». Une autorité dont il montre à quel point il est attaché dans sa gestion actuelle de l’opposition aux réformes mises en place par son gouvernement.
- © Bonfim
- © Noder
- © Djony
– Le second axe fut celui de la nécessaire construction d’une véritable souveraineté européenne, souveraineté complémentaire, mais non concurrente des souverainetés nationales, indispensable pour faire face aux défis de notre monde. Souveraineté numérique, commerciale, industrielle, climatique, énergétique, alimentaire, sociale et sanitaire. Une souveraineté qui doit se traduire de façon cohérente dans un projet et dans un budget au financement duquel la France est prête à augmenter sa contribution. De fait selon lui, compte tenu du fait que les problèmes sont globaux, ils doivent être traités de façon globale. Le budget européen ne retire rien aux budgets nationaux dans la mesure où il profitera à tous et de façon plus efficiente.
Les débats
Tant le Président de la Commission Juncker, que les présidents des principaux partis PPE/EPP, S&D (Socialistes et démocrates), ADLE/ALDE (libéraux), Verts/ALE se sont réjoui de ce retour de la France sur le terrain européen. Toutefois, nonobstant les éloges, ils n’ont pas épargné les critiques, ni les mises en garde. En particulier tous ont précisé que l’Ue ne pouvait se résumer au couple franco-allemand, que les peuples doivent être écoutés et protégés. Il est donc nécessaire d’abandonner le système décisionnel basé sur le seul Conseil et des décisions à l’unanimité. Si le président français veut la démocratie, elle doit s’exprimer au niveau européen, donc au niveau des représentants du peuples et non pas des seuls chefs de gouvernements.

La Syrie
Beaucoup ont soutenu l’action de la France en Syrie, compte-tenu des blocages russes à l’ONU, et de la perte de crédibilité de l’Union depuis de nombreuses années, trop molle, une faiblesse dont profitent les autres puissances même petites à l’échelle mondiale, comme l’Iran. Toutefois, nombreuses ont été les critiques : la France se doit de respecter le droit international… et agir avec l’Europe.
- © Alf (Alain Faillat)
- © Khalid Gueddar
- © Pinter
De même, la politique migratoire de la France a été vivement critiquée.
Les réponses du Président Macron
Pour Macron, si l’axe franco-allemand est indispensable, il sait bien que l’UE est et doit être bien plus que cela. Toutefois, il n’est pas acceptable pas que ceux qui ne veulent pas aller de l’avant puissent bloquer ceux qui le veulent.
Pour la Syrie, il sait parfaitement que les frappes opérées ne portent pas une solution, mais marquent le retour de l’Occident dans le jeu politique de la zone. La priorité est et reste la solution politique de la crise – à Genève – et le développement de l’aide humanitaire.
Pour le problème migratoire, le traité de Dublin doit être réformé, mais tant qu’il existe ses règles doivent être respectées, sinon la situation deviendrait ingérable. La réforme doit porter sur plus de solidarité aux frontières communes, sur des règles claires communes et harmonisée dans la gestion des différents types de migration, sur une solidarité financière européenne envers les villes et régions les plus exposées et actives dans l’accueil des migrants et surtout dans l’effort d’intégration et de formation des personnes accueillies et, enfin assurer l’humanité du traitement de tous les migrants.

vidéo intégrale: https://www.youtube.com/watch?v=TX4N53KEPhc
Communiqué de la présidence du PE: http://www.europarl.europa.eu/the-president/fr/toute-l-actualité/le-président-tajani-le-débat-en-plénière-avec-le-président-macron-montre-que-le-parlement-et-les-citoyens-sont-au-centre-du-projet-européen










