Opération Eaten Fish

Bill Stott, président de PCO UK (the Professional Cartoonist Association), sur Twitter et Facebook a alerté le monde des dessinateurs de presse sur le cas de Eaten Fish, nom de plume d’un jeune dessinateur iranien (Ali Durrani), qui a fuit son pays en direction de l’Australie en 2013. Conformément à la politique visant les migrants de ce pays, n’ayant pas obtenu le statut de réfugié il a été interné dans l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans un camp où le gouvernement Australien détient les migrants arrivés clandestinement par la mer. En février 2017, il a commencé une grève de la faim parce que les autorités australiennes lui niaient des soins, avait subit des sévices sexuels et que ses jours étaient en danger.

Relayant Bill Scott, Pierre Ballouhey (membre du Conseil scientifique de LIBREXPRESSION), mi-février 2017 a alerté la communauté des dessinateurs de presse français et les membres de son association France Cartoons puis initié une action collective. Comme l’a fait Bill Sott pour PCO UK, il a écrit à l’Ambassadeur d’Australie à Paris au nom de France-Cartoons. « Nous ne comprenons pas pourquoi il n’est pas admis sur le territoire Australien. Eaten Fish a fuit la République Islamique d’Iran où l’on fait peu de cas des Droits de l’Homme, je ne pense pas que cela soit le cas de l’Australie. »

Bill Stott de PCO UK et CRNI (Cartoonists Rights Network International (https://cartoonistsrights.org) ont demandé à la communauté des dessinateurs de dessiner des poissons pour protester contre le sort fait à Eaten Fish et de les poster sur Twitter avec les hashtag #EatenFish #addafish #ManusIsland @DIBPAustralia @govAU @France-Cartoons. Le but était de bourrer Twitter de poissons réclamant un meilleur sort pour Eaten Fish le résultat a été surprenant par le nombre de dessins qui ont été retwittés par PCO, CRNI et d’autres internautes, ce qui fait qu’ils réapparaissaient plusieurs fois. La page d’accueil de Twitter puait le poisson, comme celle du Département d’État à l’immigration, du Gouvernement australien, de Manus Island et d’EatenFish.

Ensuite, Pierre a ouvert un compte twitter de France-Cartoons pour accélérer la boule de neige :
https://twitter.com/FranceCartoons
Adene, Alain-Julien, Babache, Ballouhey, Battì, Bauer, Biz, Bonfim, Cambon, Cointe, Daullé, De Angelis, Delucq, Djony, Fidèle Castor, Gibo, Gouzil, Govin, Gruet, Ali Hamra, Pesso, Jak, Jépida, Lounis, Luc, Man, Marzio Mariani, Miss Lilou, Nagy, Nardi, Notto, Olive, Phil, Placide, Puglia, Rafagé, Renault, Rousso, Izel Rozental, Savignac, Sondron, Syl, Trax, Tym!, Véesse, et de nombreux autres ont participé à l’opération sur le compte @France-Cartoons.

The Guardian a publié un bel article résumant l’histoire de Eaten Fish :
https://www.theguardian.com/australia-news/2017/dec/19/eaten-fish-manus-islands-refugee-cartoonist-moves-to-northern-europe
Ainsi que des extraits de l’ouvrage de eaten Fish qui a documenté sa détention, y compris la mort d’un de ses ami et co-national, Faysal Ishak Ahmed :
https://www.theguardian.com/commentisfree/2016/jul/20/the-terrible-true-story-of-mr-eaten-fish-manus-island-cartoonist

Grâce à toutes ces actions de la communauté des dessinateurs de presse, ainsi qu’aux efforts de l’International of Refuge Network (ICORN – un réseau de villes et de régions qui offrent une résidence à long-terme aux écrivains et artistes persécutés : https://www.icorn.org), de l’avocate Janet Galbraith et de  First Dog on the Moon (nom de plume du dessinateur de presse du journal britannique The Guardian, Andrew Marlton), Ali Durrani, alias Eaten Fish, a été finalement libéré. Il a trouvé refuge, pour deux ans, dans un endroit encore tenu secret dans une ville membre d’ICORN du nord de l’Europe. Ali Durrani est la seconde personne a être sauvée du camp de détention offshore australien. En novembre, le réfugié iranien âgé de 24 ans, Amir Taghinia, a reçu l’asile au Canada avec l’aide d’un groupe de citoyen de la Colombie Britannique.

Galerie des dessins de l’opération « Eaten Fish »


Auteur

Economiste et historien, directeur du Centre LIBREXPRESSION, fondation Giuseppe di Vagno

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *