Durant le premier semestre 2018, la Bulgarie exerce la présidence tournante de l’Union européenne. Certes, la grande majorité des bulgares est pro-européenne et si son gouvernement présidé par le premier ministre de centre-droit Bojko Borissov réussit à tenir ses comptes en ordre et à éviter, comme la Hongrie et la Pologne à piétiner l’état de droit ou à provoquer sur le thème des migrants. Toutefois la Bulgarie reste un pays où la corruption est très élevée et où la liberté et la pluralité de la presse est loin d’être garantie. La revue satirique Prass Pres, créée en février 2017 par les caricaturistes Chavdar Georgiev, Tchavdar Nikolov, Ivaïlo Ninov e Hristo Komarnitski, en fait les frais. Une censure indirecte grâce au contrôle total de la distribution en kiosque des journaux par l’oligarque proche du pouvoir, Delian Peevski (qui possède par ailleurs les trois quarts des journaux), qui en empêche la distribution. Prass Pres n’hésite pas à aborder tous les sujets qui déplaisent au pouvoir avec des dessins mordants et durs. Prass Pres réussit à survivre grâce à la diffusion sur internet.
https://prass.press
https://www.facebook.com/prass.press.bg
La situation désastreuse de la presse en Bulgarie est décrite dans un rapport publié par « The Center for Media Pluralism and media Freedom » (CMPF http://cmpf.eui.eu), un centre co-financé par l’Union européenne et dont les rapports sont édités par l’Office des Publications de l’Ue:
http://cadmus.eui.eu/bitstream/handle/1814/46789/Bulgaria_EN.pdf?sequence=1&isAllowed=y
La conclusion du rapport précise : «Les résultats du Media Pluralism Monitor 2016 pour la Bulgarie indiquent des risques importants pour le pluralisme des médias dans le pays. Les principaux problèmes se situent dans les domaines de la concentration des médias, de l’indépendance éditoriale, de la réglementation par l’État des ressources et de l’inclusion sociale. »
Alors qu’en 2006 la Bulgarie était au 35° rang de l’indice relatif à la liberté de la Presse de Reporter Sans Frontières (RSF), elle est passée à la 109° place (sur 180) en 2017. (https://rsf.org/en/ranking )
Les responsables de Prass Pres ont porté plainte auprès de la Commission de défense de la concurrence, contre le refus de distribution qu’ils subissent. Ils sont soutenus par une vague de solidarité de la presse Bulgare, y compris par des titres considérés comme proches du pouvoir, un phénomène plutôt rare.
Il sera intéressant de voir si et comment l’UE réagira à cette situation qu’elle connaît fort bien de part les enquêtes du CMPF qu’elle cofinance et publie, ou si les valeurs que défend le Traité en matière d’Etat de droit et de liberté de la presse sont purement indicatives.





